Malgré les progrès réalisés dans le domaine du traitement des maladies inflammatoires de l’intestin (MII), des thérapies sûres et efficaces capables d’induire et de préserver la rémission chez une plus grande proportion de patients sont encore nécessaires. Chaque personne vivant avec une MII est unique et une approche personnalisée du traitement est fortement souhaitable en raison de la nature diversifiée de la maladie.
Des recherches passionnantes sont en cours à l’Université de Calgary. Dirigées par le Dr Derek McKay et son équipe, elles visent à explorer l’utilisation potentielle des cellules immunitaires d’un patient pour combattre les symptômes des maladies inflammatoires de l’intestin et favoriser la guérison de l’intestin. Les cellules immunitaires, le système de défense naturel de l’organisme, nous aident à nous protéger contre les substances nocives et à lutter contre les infections. Un type de cellule immunitaire, les macrophages, est au centre de cette recherche révolutionnaire. Ces cellules remarquables ont la capacité de cibler et d’atténuer les symptômes des MII grâce à l’action d’une molécule anti-inflammatoire naturelle. En tirant parti du système immunitaire du patient, l’approche innovante du Dr McKay a le potentiel de révolutionner le traitement des MII, offrant ainsi une nouvelle lueur d’espoir et de nouvelles possibilités aux personnes atteintes de MII.
Pour déchiffrer le rôle des thérapies axées sur les macrophages, l’équipe a d’abord isolé les macrophages de donneurs sains pour étudier comment ces cellules répondent à l’interleukine 4 (IL4), une molécule de signalisation immunitaire. Ces molécules sont des substances qui aident à réguler les réponses immunitaires et la communication entre les cellules immunitaires. Plus précisément, l’IL4 est connue pour réprimer l’inflammation. Elle constitue donc un candidat idéal pour la mise au point d’une thérapie personnalisée. Pour tester si les macrophages traités à l’IL4 présentent des propriétés cicatrisantes, les chercheurs ont effectué un essai de cicatrisation de blessure. Cette expérience consiste à simuler une blessure sur une couche de cellules intestinales dans un bécher en présence indirecte et en l’absence de macrophages traités à l’IL4.
(Figure 1)
Les chercheurs cultivent des cellules intestinales dans un petit bécher
Ils effectuent une petite « blessure », ou une entaille dans les cellules
Ils traitent les macrophages à l’aide de l’IL4 et l’exposent à la « blessure »
Figure 1 (panneau supérieur) : dans un essai de cicatrisation, les chercheurs cultivent une couche de cellules intestinales (en vert) dans un bécher. Ils induisent une petite blessure et testent si l’exposition à différentes conditions (p. ex., des macrophages traités à l’IL4) favorise la cicatrisation.
(Figure 2)
[blessure induite]
L’exposition des macrophages traités à l’IL4 permet de cicatriser la blessure.
[blessure induite]
...tandis que l’exposition des macrophages non traités ne le permet pas.
Figure 2. (Panneau inférieur) : L’équipe du Dr McKay a observé que la blessure induite se cicatrisait lorsqu’elle était exposée à des macrophages traités à l’IL4 (en bleu plus foncé), mais aucun effet de cicatrisation n’a été observé lorsqu’elle était exposée à des macrophages non traités (en bleu plus clair).
Les résultats de l’étude étaient très prometteurs. Les macrophages traités avec l’IL4 ont libéré des molécules particulières qui ont démontré des effets pro-guérison et anti-inflammatoires, surpassant les performances des macrophages sans traitement IL4. De plus, chez les souris atteintes d’une MII, celles recevant des macrophages humains traités à l’IL4 ont montré une amélioration significative des résultats par rapport à celles recevant un placebo.
Bien que cette recherche soit révolutionnaire, il est essentiel de tenir compte des risques potentiels, tels que l’impact des macrophages immunosuppresseurs sur le développement du cancer.
L’étude du Dr McKay sert de base essentielle au développement de thérapies personnalisées qui exploitent la puissance des propres cellules d’un patient pour combattre les symptômes des MII et favoriser la guérison.
En conclusion, les recherches du Dr McKay ouvrent la voie à une nouvelle ère de thérapie personnalisée pour les personnes atteintes de la maladie de Crohn ou de la colite. En tirant parti de nos propres cellules immunitaires, nous avons le potentiel d’atténuer les symptômes, d’améliorer la guérison et d’améliorer la qualité de vie globale des personnes touchées par ces maladies. Avec une exploration et des progrès continus, nous pouvons nous attendre à de meilleures perspectives pour trouver les remèdes contre la maladie de Crohn et la colite.
Pour consulter l’article original publié, rendez-vous à www.frontiersin.org